Interview du Docteur Jessica Laleuf, Présidente de la CPTS Confluence, au sujet du lancement de la campagne de dépistage de cancer du col de l’utérus.
Jessica, pouvez-vous nous faire un exposé succinct sur le cancer du col de l’utérus ?
Dans la très grande majorité des cas, le cancer du col de l’utérus est dû à une famille de virus qui se transmettent par voie sexuelle : les papillomavirus humains ou HPV. Dans 90 % des cas, le virus disparaît de lui-même.
Mais il peut arriver que l’infection provoquée persiste et provoque des complications pouvant aller jusqu’au cancer, lui-même pouvant évoluer vers diverses formes.
Ce cancer se détecte par la réalisation d’un frottis du col de l'utérus qui recherche, selon l'âge de la personne : la présence de cellules du col anormales au niveau du col de l'utérus, pour les jeunes femmes âgées de 25 à 29 ans ; la présence du virus HPV entre 30 et 65 ans.
L’opération démarre au 15 juin 2024 et déroulera sur une durée d’un an.
Jessica Laleuf
Pourquoi nous sensibiliser aujourd’hui sur cette problématique ?
Tout simplement car notre territoire est en retard concernant le nombre de dépistages à réaliser chaque année.
Sur les 3 dernières années, seulement 50% du public cible (femmes entre 25 et 65 ans) ont réalisé ce frottis de dépistage contre 59 % sur la Nouvelle Aquitaine.
Ce retard de presque 10 points correspond à un écart de 900 frottis.
Nous n’avons pas réalisé d’étude poussée sur le sujet mais les tensions d’accès aux soins et le caractère invasif de l’examen réalisé par un professionnel de santé nous semblent 2 pistes intéressantes à travailler.
Un groupe de travail s’est positionné sur cette problématique et après plusieurs mois de travail, nous souhaitons lancer une action auprès de la population, et en résonance avec « juin vert », mois de sensibilisation de cette pathologie.
Quelle est donc cette proposition ?
Le projet repose sur la promotion de kits d’auto-prélèvement HPV pouvant être réalisés à la maison, sans la présence d’un professionnel de santé.
Ces outils sont fournis par les laboratoires d’analyses biologiques et mis à disposition dans les officines de pharmacies de notre territoire, participant à l’opération.
La délivrance de ces kits doit respecter certaines règles : ces kits sont distribués aux patientes de 30 à 65 ans n’ayant pas eu de dépistage dans les 3 dernières années, et à la suite d’un rapide entretien avec le pharmacien qui va rappeler les procédures d’analyse en laboratoire et de transmission des résultats, notamment auprès du médecin traitant.
Si la patiente n’a pas de médecin traitant, elle sera redirigée vers le réseau de sage-femmes pour une consultation de prévention.
En quoi ce projet est-il innovant ?
La procédure n’est pas forcément innovante car nous n’avons pas demandé de dérogation aux règlements de l’ARS et la CPAM. Cependant, nous estimons faire de réelles avancées sur deux points importants.
D’une part, la mise en œuvre des stratégies d’exercice coordonné entre les différents professionnels de santé libéraux. Ici, c’est une organisation nouvelle entre médecins traitant, sage-femmes, pharmaciens, et laborantins. Elle doit permettre aux patientes d’accélérer le processus de dépistage, en s’appuyant sur le réseau des officines de pharmacies et des laboratoires d’analyse médicales. De plus, nous assurerons une transmission efficace des résultats vers les soignants référents que sont les médecins et les sages femmes.
D’autre part, l’utilisation des outils modernes tels que les kits d’auto-prélèvement nous semble désormais intégrée dans la vie quotidienne des patients : les autotests pour le Covid, les tensiomètres à domicile, les montres connectées… Autant d’exemples qui illustrent une forme de responsabilisation du patient dans le cadre de santé. Cet outil nous paraît extrêmement pertinent notamment quand cela concerne la santé de la femme.
Quelques informations concernant la durée de l’opération et les résultats attendus ?
L’opération démarre au 15 juin 2024 et déroulera sur une durée d’un an.
Comme exposé précédemment, nous accusons un retard de 900 dépistages sur les 3 dernières années : nous espérons rattraper ce retard en enregistrant une augmentation de 300 dépistages supplémentaires à notre moyenne annuelle pour les 12 prochains mois.
Vous êtes patiente ?
Vous avez le pouvoir d'agir pour votre santé !
L’accès aux examens vous est difficile ou vous rechercher une solution plus intimiste, l’auto-prélèvement est une alternative fiable, rapide et responsable. Cet examen recherche un portage à risque d’HPV en laboratoire d’analyse médicale.
Comment ça marche ?
- Récupérez votre kit en pharmacie.
- Réalisez votre auto-prélèvement à la maison : vous récupérez des cellules, grâce à un écouvillon et un léger frottement sur les parois du vagin. Conditions de prélèvement et acheminement : à température ambiante, sans désinfection préalable, hors période de règles, à déposer le jour même dans votre officine.
- Remettez votre prélèvement au laboratoire ou pharmacie.
- Recevez votre résultat. Ils sont envoyés par courrier en quelques jours. Le médecin traitant en reçoit une copie.
Les résultats de votre auto-prélèvement
80% des auto-prélèvements HPV sont négatifs. Un test positif n’est pas synonyme de cancer du col de l’utérus.
Si votre résultat s’avère positif, des examens complémentaires devront être réalisés avec votre professionnels de santé habituels. (sage-femme, un médecin biologiste ou un médecin de votre choix).
Et la prise en charge ?
- Pas besoin de carte vitale, ni d’avance de frais.
- Vous réalisez le dépistage à la maison et complétez les infos administratives du kit chez vous avant le dépôt à la pharmacie ou au laboratoire d’analyse.
- 100% du coût est pris directement en charge par la sécurité sociale.