Dans un contexte conjuguant les tensions d’accès aux soins et le besoin de coordination sur des pathologies complexes et chroniques, la CPTS Confluence voit le développement du métier d’Infirmier (e) en Pratique Avancée comme une opportunité de renforcement et de développement de l’offre de soin sur son territoire. Le mois de septembre 2023 a été pour cela décisif car la CPTS a vu l’installation de Céline Monceyron et la reprise d’étude de Laetitia Bourdet. Rencontre avec ces 2 professionnelles pour mieux comprendre leur quotidien et leurs aspirations.
Céline Monceyron – Installée sur les MSP de Pompadour et Lanouaille depuis septembre 2023
Peux-tu te présenter rapidement ?
J’ai 44 ans, pacsée avec 2 enfants. Je suis originaire de Limoges et j’habite actuellement à Lagraulière (à côté d’Uzerche).
Je suis diplômée de l’IFSI de Limoges. Après 10 ans à la clinique des Cèdres à Brive, je me suis installée en 2015 en tant qu’Infirmière libérale à Uzerche. Puis j’ai repris mes études en 2021.
Quelles étaient tes motivations ?
Sur l’aspect professionnel, je souhaitais aller plus loin dans la prise en charge des patients tout en bénéficiant d’un cadre réglementé. Cette qualification permet surtout d’étendre les possibilités de coordination des soins. Coordination avec les autres corps de métier, coordination avec l’hôpital et avec les structures médico-sociales type DAC.
Sur le plan personnel, je souhaitais gagner en qualité de vie avec une amplitude horaire plus classique.
Justement, par rapport à ces aspirations, quelles sont tes compétences avec ce diplôme ?
Ma spécialité concerne le suivi de patients avec une maladie chronique stabilisée. Concrètement, je suis en capacité :
- De renouveler des traitements avec adaptation avec des posologies pour les pathologies concernées
- De présenter une ou plusieurs hypothèses de diagnostiques à partager avec le médecin traitant qui confirmera le diagnostic
- De réaliser un examen clinique
- De prescrire des examens complémentaires d’imagerie ou des biologies
- De prescrire des médicaments non soumis à prescription médicale obligatoire et certains dispositifs médicaux
L’IPA ne remplace pas le médecin traitant mais il se place comme un nouveau référent pour les pathologies confirmées pour mes patients.
Et plus concrètement, comment se passe ton activité quotidienne ?
Aujourd’hui, je réalise 5 à 7 consultations par jour. Ce sont des consultations d’une durée d’1 heure qui permettent de réaliser un entretien complet sur le suivi du patient par rapport à sa pathologie (actualisation du dossier patient, biologies, prévention et éducation thérapeutique). Ces consultations peuvent se réaliser au cabinet mais également en visite à domicile ou en EPHAD.
Le temps administratif, le suivi téléphonique et la coordination avec les structures du type DAC me prennent environ 1 journée par semaine.
Les logiciels métiers partagés avec les cabinets médicaux permettent la mise à jour en temps réel des dossiers patients, en coordination avec les cabinets médicaux et les autres professionnels membres des MSP.
On voit le lien avec les médecins généralistes mais es-tu amenée à travailler avec les autres professionnels de santé libéraux ?
Oui, depuis 3 mois j’ai travaillé avec les cabinets infirmiers prenant en charge nos patients communs. Je peux notamment intervenir en cas d’indisponibilité du médecin et donc apporter une réponse plus rapide pour le patient et les professionnels. Mais il n’y a pas d’organisation générique car la présence des assistants médicaux apporte également une adaptation de ces pratiques.
J’imagine travailler plus en interaction avec les pharmaciens et les autres métiers dans les mois à venir.
Pour toi, quels ont été les points forts de la présence d’une CPTS dans le cadre de ton installation ?
En plus d’exercer un nouveau métier, mon installation s’est réalisée sur un nouveau territoire. La CPTS m’a permis de construire rapidement un nouveau réseau professionnel, notamment sur des projets d’ETP et ICOPE.
Sur un plan plus administratif, la CPTS m’a accompagné dans les déclarations, notamment auprès de la CPAM et du conseil de l’ordre.
L’accompagnement financier permet enfin de démarrer une activité plus sereine dans un cadre de création de patientèle.
La reprise d’étude, c’était dur ?
Oui la reprise d’étude à 40 ans demande une préparation en amont et un soutien familial. Il faut savoir segmenter le rythme d’étude, la continuité du travail à mi-temps et la vie de famille.
Laetitia Bourdet, infirmière libérale en reprise d’étude depuis septembre 2023
Tu es plus connue que Céline mais peux-tu tout de même te présenter rapidement ?
Je suis originaire de la Corrèze, j’ai 37 ans, je suis en couple, maman de 2 enfants et j’habite au Chalard. J’ai réalisé mes études à l’institut de formation en soins infirmiers de Tulle et j’ai obtenu mon diplôme en 2008 . J’ai commencé mon activité en clinique dans divers services avant de me diriger vers le libéral. J’ai notamment exercé sur les communes de Jumilhac le Grand, Saint Yrieix la Perche et maintenant Pompadour.
Qu’est ce qui a déclenché ce changement ?
J’étais à un tournant dans ma vie et j’avais envie et besoin d’évolution, je ne voulais pas rester sur mes acquis. Tout comme Céline, je souhaitais faire plus dans la prise en charge des patients. Le contexte de tensions sur l’accès aux soins m’a poussé à déclencher cette reconversion.
Comment se déroule ces études ?
C’est une formation qui occupe 15 jours par mois sur 2 ans. La première année est basée sur un tronc commun d’apprentissage (clinique, sciences infirmière, éthique et déontologie, santé publique et anglais) avec 2 partiels ainsi que 2 mois de stage. La deuxième année est centrée sur la mention choisie (pathologies chroniques, psychiatrie, oncologie ou néphrologie), 1 partiel et un mémoire de fin de cursus ainsi que 4 mois de stage.
Je prévois de réaliser la majorité de ces stages dans des structures de notre territoire.
La principale difficulté réside dans l’organisation entre les études (énorme charge de travail à fournir en dehors des heures de cours et pas évident de se remettre sur les bancs de la fac !), le maintien d’une activité libérale et la vie de famille. C’est un véritable investissement et challenge sur tous les plans mais je suis plus que motivée à y parvenir.
Quel est ton projet pour septembre 2025 ?
Mes études vont me permettre de me spécialiser dans le suivi des maladies chroniques stabilisées, et donc d’accompagner les médecins dans le suivi de ces patientèles complexes en apportant un regard nouveau. Le but est de favoriser la collaboration entre les différents acteurs de soin, de fluidifier le parcours de santé des patients, soulager la charge de travail des médecins et de renforcer les liens ville-hôpital.
J’aimerai porter également une attention particulière sur la prévention des polypathologies notamment en lien avec le programme ICOPE, et promouvoir l’éducation thérapeutique des patients.
Mon installation en septembre 2025 est programmée sur le territoire de la CPTS.